Jeanne Chereze : des planches au micro

Catégorie : L'interview en 3 questions

14/06/2020


Que serait un comédien sans sa voix ? Jeanne Chereze, chanteuse et comédienne, connaît l'importance de la technique dans ces deux métiers. Mais quand il s'agit d'être voix-off, c'est encore un autre apprentissage.

À 26 ans, Jeanne Chereze a déjà incarné de nombreux personnages sur les planches. Vous avez pu la voir dans plusieurs pièces : Tessa, Electre, La Cerisaire, Les Bonnes, L'Avare, Toi et tes nuages, La noce chez les petits bourgeois, La petite Molière... Le théâtre n'est pas sa seule scène puisque Jeanne chante, danse et joue de la musique aussi. Avant le confinement, elle jouait dans Les fourberies de Scapin (mise en scène JP Daguerre) au théâtre St Georges ainsi que Le médecin malgré lui (mise en scène Charlotte Matzneff) au théâtre du Ranelagh et en tournées. Et depuis un an, elle s'est formée aux techniques de la voix-off. C'est lors de mon premier stage à l'IMDA que nous avons eu l'occasion de sympathiser. Voici son interview en trois questions.

 

 

Que représente la voix pour toi ?

C’est très particulier. On raconte tellement de nous à travers la voix : nos émotions, nos fragilités, nos doutes, nos questionnements, tout y passe. En fonction de l’état émotionnel dans lequel on se trouve, notre voix n’est pas la même. Et elle est nourrie par toute notre histoire. Je trouve cela magnifique ! A travers le métier de comédien, on apprend à la travailler, à la poser, à l’arrondir, à lui faire prendre du corps, de la présence… C’est passionnant ! Plus qu’un travail technique sur notre voix, c’est tout un voyage vers soi dans lequel on s’embarque, et au travers duquel on aura toujours à apprendre. Pour moi, la voix, c’est travailler son instrument mais aussi ses émotions, son ancrage… C’est voyager à travers la sensibilité de la personne qu’on écoute.  



Comment utilises-tu la tienne ?

J’utilise ma voix à travers mon métier de comédienne, principalement au théâtre, et aussi à travers le chant. Je m’intéresse de plus en plus à la voix-off, au doublage, à la fiction radio… tous ces jeux derrière le micro qui offrent toute une palette de possibilités absolument extraordinaires. On y gagne en proximité, en finesse, le grain de la voix est sublimé, c’est une approche qui m’attire énormément.  Et puis cela permet à l’imaginaire de se laisser aller à fond puisqu’il n’a que la voix. Au théâtre, j’adore la manière dont on doit travailler pour en faire un véritable instrument et retrouver des finesses de jeu malgré la distance à parcourir vers les spectateurs, les résonnances qu’on est obligés de trouver, comme en chant. En fait, le travail de la voix est infini et c’est ça qui me plait le plus. Tant qu’on évolue en tant qu’humain et en tant qu’artiste, tant qu’on avance dans nos vies, on fait évoluer notre voix.

 

Cite-moi une ou plusieurs voix que tu aimes ?

J’aime plein de voix différentes, mais ce qui me touche toujours le plus ce sont les voix qui sont proches de soi et qui laissent percevoir le monde intérieur de la personne. Il y en a tellement… En tant que chanteuse, Maurane me touche énormément dans sa force et sa sensibilité mêlées, dans sa présence et en même temps son côté voilé. Mais une Céline Dion hyper technique me fascine dans sa maîtrise et dans son instrument. Tout comme je suis folle d’un Ray Charles, d’une Aretha Franklin, avec leur côté écorché un peu brut et tellement beau. En voix-off, j’adore les graves, les contrastes… les voix brillantes mais pas trop lisses. Ce serait par exemple Benoît Allemane, voix française de Morgan Freeman, Françoise Cadol tellement femme et sensuelle... Mais cela ne veut pas dire grand-chose, car ce que j’aime le plus c’est la diversité : toutes ces voix si différentes qui trimbalent des mondes différents !


Yoko

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